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ROINE STOLT CONNECTION
Les Flower
Kings sont en sommeil
jusqu'à nouvel ordre, nous apprend Roine
Stolt. Cela étant
dit, on voit mal ses membres prendre des vacances sabbatiques, tant
la musique fait partie de leur être. A commencer par Roine
lui même qui s'éclate actuellement avec Agents
Of Mercy et
Transatlantic
(voir interview et chronique plus haut)... En réalité,
tous les courtisans du royaume fleuri ont une activité
parallèle bien garnie. Même le discret
chanteur/guitariste Hasse
Fröberg vient de
fonder un combo heavy prog (Hasse
Fröberg and The Musical Companion)
dont on attend une première preuve discographique de ses
talents solistes. Ce trimestre nous allons nous intéresser à
trois albums, plus ou moins reliés à l'univers des
Flower Kings.
3rd
WORLD ELECTRIC Kilimanjaro secret brew (Reingold
Records) Commençons par ce
disque à la pochette bigarrée et au titre étrange.
Dès le premier coup d'oeil, on voit la filiation avec les
Flower Kings, car le trait de crayon de la pochette est
réminiscent de celle de "Paradox hotel". Après
renseignements, c'est effectivement du même artiste qu'il
s'agit, même si le thème de "Kilimanjaro secret
brew" rappellerait plus les covers de "Bitches brew"
de Miles Davis ou d'"Abraxas" de Santana...
De surcroît, à l'écoute il est bien difficile de
voir un rapport avec le rétro-prog symphonique des Flower
Kings. La musique dont il est question tout au long des 52
minutes (en 7 titres) que compte l'album est du pur jazz-rock fusion,
comme en faisaient Weather Report, Return To Forever,
Step's Ahead, Mahavishnu Orchestra ou encore Miles
Davis durant la seconde moitié des années 70. Ce
projet vraiment enthousiasmant vient du bassiste multi facettes Jonas
Reingold (Kamakanic, Flower Kings, Midnight
Sun...), qui avec son ami Roine Stolt, a eu l'idée
de cet album totalement instrumental, syncopé et improvisé,
à 10.000 lieues des terres du royaume des fleurs. C'est ici la
rythmique et le saxophone qui sont rois, pas la guitare, somme toute
assez discrète. Ainsi Reingold s'associe à
plusieurs percussionnistes différents comme Zoltan Czorsz
(Flower Kings, Karmakanic), Ayi Solomon et
le grand Dave Weckl, batteur américain de jazz-rock de
renom international, pour un résultat étourdissant.
Concernant les saxophones (ténor et soprano), instruments
phares de "Kilimanjaro secret brew", Karl Martin
Almqvist joue dans un style que ne renieraient pas Wayne
Shorter (Weather Report, Miles Davis) ou Michael
Brecker (Brecker Bros, Step's Ahead). Il mène
la danse, à peine contrebalancé par les synthétiseurs
versatiles de Lalle Larson (Karmakanic) et la guitare
stridente et épicée de Sir Stolt (magnifique de
virtuosité sur "tincan robots"). Si "Kilimanjaro
secret brew" est un excellent disque de jazz-rock, il convient
d'en minimiser la portée, car 3rd
World Electric s'avère en réalité un
(génial) plagiaire de ses aînés. Ainsi,
"waterfront migration" ressemble beaucoup au "birdland"
de Weather Report, tandis que "dowbeat Dakar" est
une copie du "jean-pierre" de Miles Davis. Sans être
un album impérissable, "Kilimanjaro secret brew" est
bel et bien une bouffée d'oxygène pour des musiciens
protéiformes et avides de jouer ensemble.
EGGS
& DOGS You are (Helicon
House Records)
Poursuivons avec ce
disque à la pochette "amateur" noire et blanche,
bien peu engageante en vérité. Un titre d'album - "You
are" - enigmatique... Qu'est-ce donc ? Tomas Bodin avait
bien sorti un génial "I.A.M", il y a quelques années
(en 2005, plus précisément)... Oui, rappelez-vous, un
album très long avec seulement 3 morceaux titrés "I",
"A" et "M"... Ca y est, vous y êtes ?
Est-ce possible que cet ovni "You are" ait un rapport ? Ben
oui c'est la suite, mais Bodin a maintenant fondé un
véritable groupe pour réaliser ses rêves
musicaux. Cela s'appelle Eggs & Dogs... Dans ce projet, on
retrouve le guitariste JJ Marsh, collaborateur suédois
de Glenn Hughes pendant plus de 10 ans et qui vient de quitter
le chanteur/bassiste. JJ était déjà de
l'aventure "I.A.M", et il apportait un style et un son
heavy rock (façon Blackmore, Page ou Hendrix)
à l'ensemble... Marcus Liliequist (ex Flower Kings
sur "Paradox hotel") retourne derrière la batterie
pour notre plus grand bonheur, car le gaillard n'est pas du genre à
plaisanter avec ses baguettes. Efficace et puissant, ce qui ne devait
pas plaire au perfectionniste Stolt. Par contre, Reingold
et Jansson n'ont pas été reconduits aux postes
de bassiste et de chanteur, remplacés par une seule et même
personne. Un revenant du nom de... Michael Stolt !! Eh oui,
vous avez bien lu, le propre frère de Roine qui avait
été évincé des Flower Kings au
profit du (beaucoup) plus technique Jonas Reingold ! Du coup,
ce Eggs & Dogs prend l'allure d'ex Flower Kings
members band. Je ne connais pas quelles sont les relations actuelles
entre Roine et ses ex petits camarades (dont son propre
frère), mais sa réponse à ma dernière
question de l'interview plus haut, m'a laissé pantois.
D'abord, il minimise la carrière musicale de son frangin,
ainsi que Eggs & Dogs. Etrange... Y aurait-il de l'eau
dans le gaz entre Roine et Tomas, son fidèle
second ? Ce dernier fera t-il encore partie du futur des Flower
Kings ? Rien n'est moins sûr... En tout cas, Tomas
ne sera pas au chômage car ce "You are" est l'une des
plus belles surprises de cette fin 2009 en ce qui me concerne.
Dommage qu'il sorte sur un label inconnu... On y découvre un
groupe -apparemment - soudé (même si Roine Stolt
affirme que les 4 musiciens ne l'ont pas enregistré ensemble)
avec des compositions superbes, à la fois très
mélodiques, aventureuses et puissantes. Il s'agit bien de rock
progressif grandiose dans la grande tradition des Flower Kings,
mais sans le foutra jazz-rock qui avait ces dernières années
tendance à diluer son propos. JJ Marsh, seul membre à
n'avoir jamais fait partie des Flower Kings, apporte ses
influences bluesy et hard rock classique, permettant à Eggs
& Dogs de sonner à la fois comme Pink Floyd et
Deep Purple. Quant à la voix de Michael Stolt,
il s'agit tout bonnement de la grande révélation du
disque. Déjà nous ne savions pas qu'il savait chanter,
mais sa voix est vraiment superbe : charpentée et virile un
peu comme celle de David Gilmour, mais en beaucoup plus belle,
bourrée d'émotion. Chaude et profonde, elle vient du
coeur et de l'âme ! Mais bon sang, pourquoi ne nous l'avait-il
cachée ? Il nous fait même le coup des choeurs
polyphoniques à la Queen (avec imitation de trompettes
en accompagnement) sur le délirant "dad is coming home".
Géant !! "You are" est encore plus long que "I.A.M"
: 77mn en seulement 7 compositions dont un "flood" de 12mn,
un "dad is coming home" de 11mn et un "silicone bimbo
run" de 21mn !! L'album est truffé de gimmicks sonores,
de courtes narrations marrantes. Plus je l'écoute et plus je
l'aime et je dirais qu'il me fait l'effet inverse d'un disque des
Flower Kings ou de Transatlantic qui impressionne au
départ mais dont ne réussit jamais à faire le
tour, faute au manque de points d'ancrage. Au contraire, "You
are" s'insinue en moi pour ne plus me lâcher. Tout est là
pour me satisfaire : que ce soit au niveau du son (les claviers
divers et variés de Bodin), du ton (la puissance de
Marsh et de Liliequist), l'émotion (les voix
gorgées de spiritualité de Michael Stolt), les
mélodies... Un seul conseil : FONCEZ !!!!!!!!!
SUPERNAL
ENDGAME Touch the sky – Volume 1 (Inner Man Productions)
La pochette est moche, le
logo du groupe illisible : ils ont essayé de faire en sorte
qu'on puisse le lire à l'endroit comme à l'envers.
Résultat : on y arrive ni d'un côté, ni de
l'autre ! Face à un tel amateurisme, j'étais à
deux doigts de massacrer le disque ! Bon faudrait p'tet que je
l'écoute avant, quand même... Et là : la claque !
Une grosse, mais alors une très grosse baffe, celle qui vous
scotche au plafond !! Et ce, pendant toute l'écoute de "Touch
the sky". Du coup, je l'ai touché, le ciel, et pas qu'un
peu... Je vais tout de suite évacuer la relation que ce groupe
originaire de Dallas entretient avec les Flower Kings : Roine
Stolt joue sur l'un des 14 morceaux et Supernal Endgame a
repris un de ses morceaux pour un tribute à paraître en
2010. Voilà, pas plus que cela, mais Supernal Endgame
n'est pas pour autant un copiste du combo suédois. Certes, son
propos est résolument progressif symphonique, mais c'est à
l'école américaine -celle des GlassHammer, Neal
Morse, Cryptic Vision, Salem Hill...- qu'il
appartient. Bien entendu, il s'agit d'un groupe chrétien
(comme bon nombre de ses contemporains) et "Touch the sky"
est en fait un recueil de prières où les mots "Jesus",
"God", "Pray", "Salvation", "Joy"...
reviennent régulièrement. Mais franchement, ça
ne me gène pas du moment où ça ne chante pas en
français. Ce disque de 78mn est vraiment captivant de bout en
bout et l'on sent une maîtrise parfaite des musiciens qui sont
loin d'être des jeunots. John Eargle (guitare
électrique, claviers, basse et chant), Rob Price
(chant, batterie, claviers et guitares acoustiques) et Don
Bonneroy (guitares, mandoline, claviers et choeurs) ont chacun la
cinquantaine bien tassée et une solide expérience de
multi instrumentistes derrière eux. En effet, ils jouent plus
ou moins ensemble depuis plus de 20 ans, bien que le projet
Supernal Endgame ne date "que" de 2000. Plein d'invités
sont venus leur préter main forte, comme Randy George
(basse) du groupe de Neal Morse, Tom Jodziewicz et
Tommy Narvarte aux claviers. "Touch the sky" flirte
avec la néo et l'AOR, mais c'est du côté de
Kansas qu'il faut chercher la plus grande filiation, car c'est
truffé de soli de violon plus excitants les uns que les
autres. Pour ce faire, pas moins de 3 intervenants sur cet instrument
: Brad Bibbs, Katie Price et Randy Lile !! Un
fifre donne également une petite couleur celtique de temps à
autre. Eargle et Price se partagent les lignes vocales
et leurs voix (la première grave et éraillée et
la seconde claire et haute) se complètent à merveille
comme chez Styx (James Young et Tommy Shaw),
Kansas (Robby Steinhardt et Steve Walsh) ou
Journey (Gregg Rolie et Steve Perry) en leur
temps ! Pour moi qui aime ces trois groupes, ainsi que des choses
plus progressives comme Yes ou Curved Air, Supernal
Endgame est un don du ciel. Merci à Dieu de m'avoir permis
de le découvrir...
Cousin Hub
Chronique mise en ligne le 18/08/2014 et consultée 467 fois |