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Sommaire du n° 92
Paru le 28/04/2015
INTERVIEWS : KOID9 LES A CUISINES POUR VOUS !
The Pineapple Thief - Bruce Soord - Automne 2005 (paru dans le Koid9 n°55) |
PINEAPPLE THIEF Propos recueillis par Cyrille Delanlssays
Non content de sortir un quatrième album de haute volée, Bruce Soord conclut brillamment le pari de composer et enregistrer un titre par jour avec "8 Days". Deux réussites qui devraient, en toute logique (mais le monde de la musique l'est-il ?), transformer le voleur d'ananas en nouveau grand manitou de l'épure mélodique. Le raccourci, avec d'autres initiales PT (celui de Steven Wilson pour ceux qui ne suivraient pas), semble évident mais a surtout le don d'agacer notre invité. L'occasion de mettre les choses au clair ! Koid'9 : Maintenant que le nouvel album de Pineapple Thief vient de sortir ("10 Stories Down"), quelles sont tes premières impressions ? Bruce Soord : En fait, c'est difficile à dire. Je ressens beaucoup de choses en ce moment. Je suis très heureux du résultat obtenu mais la route fût bien longue pour y parvenir ! Tu sais, c'est un moment où je me demande systématiquement si je suis parvenu à faire tout ce que je voulais vraiment et la réponse est presque toujours non. En même temps, cela m'aide à rester motivé pour le prochain album !
Bruce Soord : J'étais abasourdi. J'avais tout mixé moi-même et comme souvent, je n'avais pas le recul suffisant vis à vis de la musique ce qui fait qu'au final, le son était pire que tout (ndr : le résultat est pourtant loin d'être mauvais comme en témoigne la critique du Koid'9 n°54). Je travaillais pour le label avec une deadline très serrée ce qui ne m'aida pas, crois-moi. L'ordonnancement des titres était maladroit et il y en avait trop ! Je sentais qu'il s'agissait des meilleures chansons que nous avions fait mais chaque écoute me donnait réellement envie de pleurer. J'ai pris cela comme un mauvais présage...
Bruce Soord : Steve Kitch est un ami doublé d'un formidable ingénieur du son et il a fait un boulot formidable en remixant l'album. Je lui ai donc donné les fichiers et il s'est occupé du reste. Quand je suis retourné à son studio, les chansons étaient devenues "vivantes" ! Du coup, j'ai réarrangé et rejoué de nombreuses parties, allongé "light up your eyes' de 4 à 15 minutes... J'étais peut-être un peu trop excité à ce moment là !
Bruce Soord : Ce fut très difficile car je déteste jeter un morceau. Pour "watch the world", je n'arrivais tout bonnement pas à la replacer, elle rompait systématiquement la continuité de l'album. Même chose avec "slip away" qui sonnait vraiment très bien après le remixage. Peut-être que nous les ressortirons plus tard, qui sait ?
Bruce Soord : J'ai eu l'occasion de lire certains commentaires évoquant le "suicide". Bon, c'est vrai, j'écris des mélodies assez mélancoliques mais je ne suis pas nihiliste pour autant ! Généralement, mes chansons parlent d'amour, de la vie, de la mort, des regrets, des espoirs, bref, elles couvrent tout un spectre de sentiments. Tu sais, je peux même être heureux parfois (rires). Mais en général, je suis plutôt inspiré par des événements plus sombres, plus tristes. "wretched soul", par exemple, parle de moi. "Light up" traite d'une séparation provoquée justement par ces "10 stories". Aussi, les gens peuvent ne pas comprendre ce que signifie cette chanson - les trois premières minutes furent écrites en amont ; j'étais alors plein d'espoir. La section centrale l'a été au moment où les choses tournèrent vraiment mal puis achevée quand tout était terminé. En fin de compte, cette chanson aura enveloppé tout le processus d'écriture de cet album.
Bruce Soord : Généralement, je fais la plus grande part du travail puis les autres membres interviennent lorsque je suis prêt. J'ai toujours travaillé seul et je ne vois pas comment je pourrais changer cela surtout sur une chanson 'personnelle'. Je sais précisément ce que je souhaite exprimer et comment y parvenir musicalement.
Bruce Soord : Il s'agit en fait de la seconde partie de la saga "8 Days" où je compose, enregistre et mixe un titre par jour. C'est très amusant à faire. Certaines parties sont vraiment réussies, d'autres moins. De toutes façons, je pense qu'il s'agira du dernier CD de la série. J'ai déjà une autre idée pour le prochain album !
Bruce Soord : Tu veux que je te dise, et bien je déteste cette comparaison ! J'ai même entendu certaines personnes dire que j'avais délibérément choisi d'appeler le groupe Pineapple Thief à cause des initiales 'PT' - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nos initiales sont désormais TPT. Evidemment, j'ai un total respect pour Steve Wilson mais je ne suis pas influencé consciemment par sa musique. La seule raison pour laquelle nous pouvons être comparés est que nous essayons tous les deux de nous distancer du "prog". Comprend-moi bien, je suis très heureux de la terminologie "progressive" mais il n'y a pas que cela chez Pineapple Thief ; des influences évidentes comme Elbow, Radiohead, Beck, Deus et je n'ai pas peur d'admettre que j'écoute régulièrement des classiques de Yes, Pink Floyd, Supertramp (leurs premiers travaux uniquement), Steve Hackett (mais pas Genesis) etc.
Bruce Soord : Rufus Wainwright et je viens juste d'acheter mes vieux classiques en CD - tous les Yes jusque "Tales of a topographic ccean", Pink Floyd (avant "The wall")... si j'ai l'esprit plus pop, je met l'album des "Killers". Mais le dernier super album que j'ai eu l'occasion d'entendre est "Cast of thousands" de Elbow. Et tu sais, ils sont également fabuleux sur scène !
Koid'9 : On peut d'ailleurs constater que le domaine du progressif, au delà de ses définitions d'usage, connaît un nouvel essor depuis quelques années. Parallèlement, quelle a été l'évolution du groupe ? Bruce Soord : A vrai dire, je n'y ai jamais vraiment réfléchi. Avec "10 stories down", je souhaitais passer la vitesse supérieure, sans aucun calcul. C'est certainement la raison pour laquelle je me suis retrouvé avec des chansons qui ne collaient pas avec un tel projet. Je sais que certaines personnes préfèrent les compositions plus longues, plus instrumentales présentes sur "Variations", mais la plupart semblent conquis par nos derniers titres. De toute façon, l'expérience m'a appris que l'on ne pouvait pas faire plaisir à tout le monde. Quant à ceux qui prétendent que j'évolue délibérément vers le domaine commercial, ils ont tort : cela ne m'intéresse tout simplement pas !
Koid'9 : Quel est ton instrument de prédilection pour composer ? Bruce Soord : Par habitude, j'écris la structure sur une guitare acoustique, parfois sur un clavier Rhodes. Mais bon, il n'y a rien de mieux qu'une bonne vieille guitare quand même ! Je m'assois et je travaille quelques jours avant de passer en studio. Cela fonctionne une fois sur deux.
Bruce Soord : Pas vraiment avec "Abducting the unicorn", mieux sur "137", pratiquement sur "Variations of a dream" et enfin oui avec ces "10 stories". Koid'9 : Si tu pouvais faire un duo, là, tout de suite, avec une personnalité musicale de ton choix, qui choisirais-tu ? Bruce Soord : Encore une question à laquelle je n'ai jamais pensé ! Steve Wilson ? (rire) Non, je plaisante. Je pense que ce serait Beck. Son nouvel album est inspiré de la vieille école mais le précédent ("Sea change") était magnifique, progressif et très varié.
Bruce Soord : Nous avons quelques dates prévues en Angleterre puis aux USA le printemps prochain. Mais aucune tournée européenne n'est planifiée à l'heure actuelle même si de nombreux fans nous le demande. Peut-être qu'on devrait se bouger un peu d'ailleurs !
Bruce Soord : Je ne suis pas encore certain de la direction à prendre, ni du résultat, mais pour résumer, je suis sur un projet de 60 minutes dans l'esprit "8 Days"... en plus travaillé ! Une espèce de 180 Days en quelque sorte (rires)... J'aime le prog ainsi que les chansons pop mais en ce moment, je me sens plutôt d'humeur progressive et j'oriente mon travail dans ce sens. Peut-être cet album verra-t-il le jour sous un format double ou une édition limitée, qui sait ? Tout dépend des compositions qui verront le jour. Une chose est certaine, il sera très différent des précédents !
Bruce Soord : D'un film intitulé "Eve's Bayou" (ndr : "Le secret du Bayou" réalisé par Kasi Lemmons en 1999, avec Samuel L. Jackson). Il y a une scène où un gamin vole un ananas. Je pensais ne pas avoir besoin d'un nom pour refléter un sentiment en particulier et rétrospectivement, j'aurai préféré autre chose. En fait, cela a créé tout un débat sur une image dont nous n'avions pas forcément besoin mais bon, je suppose que le public sait aujourd'hui que nous ne sommes pas réellement des voleurs d'ananas (rires) ! A lire, parue dans le même numéro de Koid9, la chronique de 10 stories down |
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