JO DROGO/RARE
"PETITS SECRETS D’UN ARTISAN DU ROCK"

propos recueuillis par Dominique Reviron à l'Automne 2005

Ce n’est pas tous les trimestres qu’un des collaborateurs du Koid’9 sort un album (plutôt réussi de plus !). En outre, Jo possède une vision différente du monde de la musique puisqu’il connaît les deux cotés de la force : chroniqueur et auteur/compositeur, ce qui lui confère une autre approche du rock, plus professionnelle et plus technique, plus proche du terrain en quelque sorte. Du coup, il paraissait intéressant de discuter avec Jo Drogo de ses influences, de l’élaboration du premier album de Rare et de ses projets auxquels il se consacre déjà.

K9 : Dis moi, tu n'en es pas à ton coup d'essai avec ce projet "Rare" n'est-ce pas ?
J.D.: Avant cela, j'ai réalisé 3 cassettes & 2 CD sous des noms différents. Maintenant, tout sortira sous le nom de Rare.

K9 : Peux tu nous parler de tes principales influences ?
J.D.: A cette question j'aime bien répondre : de Queen à Magma. Pour affiner un peu, la progressive est ma musique de base avec Procol Harum, Genesis, E.L.P., Yes, Floyd, Kansas. Mais à l'image d'"Exposure" de Robert Fripp, pour ma musique, j'aime obtenir différentes couleurs ! Pour les guitares, le coté blues (Hendrix/Gilmour/Trower) me plait bien. Il me parait important aussi de ne pas rester sur des recettes de mixage préétablies. Les sorciers des sons électroniques comme Todd Rundgren/Steve Hillage/Richard Pinhas d’Heldon m'intéressent beaucoup aussi.

K9 : Ce bon vieux Keith Emerson semble t'avoir pas mal marqué ; il reste LE claviériste du prog ?
J.D.: Du moment qu'il n'y a pas de copie, je ne reprocherai jamais à quelqu'un d'être dans le style Jimi Hendrix par exemple. Pour "Emo" c'est pareil, quand tu te penches sur les partitions, trésors tu trouveras ! L'apport musical de ces personnages est trop important, quand tu bosses ton instrument, c'est dur de passer à coté. C'est vraiment mon claviériste préféré. Mais au-delà de la technique pure, aligner des beaux accords pour trouver une belle mélodie comme le fait Gary Brooker me semble primordial. Et puis, je me dois de citer aussi Tony Banks comme influence.

K9 : Pourquoi l'album se nomme t’il "D'or et de lumière..."
J.D.: C'est pour la phrase de Jacques Brel dans "ne me quitte pas". "Je couvrirai ton corps d'or et de lumière". C'est ce que doit procurer l'éclat d'une mélodie... c'est ce que je recherche dans la composition !

K9 : Textes, musique, enregistrement, mixage, production, tu as tout fait tout seul ?
J.D.: Non, il ne faut pas oublier les paroles de Jean-Pierre Chambon sur 4 titres. D'ailleurs, je pense avoir fait des progrès sur mes textes. Côtoyer des grands paroliers force l'écriture et puis, il y a les 2 reprises des Good Rats.

K9 : J'avoue avoir été bluffé par la qualité sonore de l'album. Quel est ton secret pour obtenir un tel résultat ?
J.D.: "Je suis le meilleur à la pédale wha !" Tu te rappelles de cette réponse de Zappa, carrissimo Domrev ? Je me suis monté un studio d'enregistrement, alors j'ai le bénéfice du temps pour rechercher et triturer des sons. Le matériel, c'est bien mais le plus important reste les petites idées ça et là. Puis j'ai remarqué que chez Magma, les 2 claviers jouaient la même partition avec une octave de décalage. J'ai donc utilisé l'astuce pour le Rare, j'enregistre aussi plusieurs prises afin de garder la meilleure et d'avoir le choix au moment du mixage.

K9 : Et qu'as-tu utilisé comme claviers pour cet album ? Le Gem principalement ? Le petit Moog que tu t'es offert il n'y a pas longtemps ?
J.D.: Le Gem ne me sert uniquement que pour les sons de piano. Sinon, je suis un accro des synthés analogiques et surtout de la marque Moog. J'ai utilisé le Minimoog virtuel mais j'ai craqué pour un vrai et du coup, j'ai tout réenregistré, histoire d'avoir vraiment le meilleur son possible.

K9 : Tu chantes, tu joues de la guitare, des claviers, de la basse. Ce n'est pas un peu frustrant de tout faire tout seul ou, inversement, c'est une situation qui te permet une totale liberté ?
J.D.: Tout dépend de la composition, si tu penses avoir un bon riff avec une bonne idée pour un texte, alors tu sauras moduler ton écriture au bon moment. Et puis quand il y a l'étincelle, que tu te dis "whoua, là ça sonne !"... c'est très valorisant. Dans le coin, c'est aussi très difficile de rencontrer des musiciens de progressif, je croise plus souvent les reggae men de Sinsemilia. Je vais quand même laisser la basse à mon ami Gérard Monon sur un titre de l'album.

K9 : En terme de concert, y'a t’il une chance de te voir jouer un jour ta musique sur scène ?
J.D.: Absolument aucune et cela malgré moi. Tu sais, c'est vraiment très difficile de tenir 5 personnes ensemble. Il n'y a pratiquement plus d'endroit pour faire de vrai concert et les gens ne se déplacent plus pour les groupes peu connus.

K9 : À part ça, quels CD écoutes-tu en ce moment ? Uniquement du progressif ?
J.D.: J'ai la possibilité d'écouter de la musique sur mon lieu de travail alors je prends plein de trucs au pif à la médiathèque. J'ai donc écouté énormément de classique ces derniers temps. Sinon, ce que je passe le plus souvent, c'est du Good Rats et du Procol Harum.

K9 : Quels sont tes projets maintenant ?
J.D. : Il y a quelques temps de cela, je m'étais amusé à composer un titre en hommage à la beauté des musiques de Yes. J'ai fait écouter à des amis qui ont pas mal apprécié, alors l'idée de faire un CD sur les grands groupes du prog était lancée. C'est vraiment très excitant car il y a beaucoup de recherche pour avoir les mêmes sonorités et donner une impression de familiarité. Mais en aucun cas, vous ne trouverez des thèmes originaux maquillés. Le projet "Axis" est déjà pas mal avancé et devrait sortir l'année prochaine.

K9 : Un dernier mot pour la fin aux lecteurs du K9?
J.D.: Pour conclure j'aime bien parler de ma musique, mais ce qui m'intéresse le plus est l'avis des gens...alors n'hésitez surtout pas à me faire part de vos sentiments.

Bien a vous…

voir aussi la chronique D'or et de lumière liée