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Sommaire du n° 92
Paru le 28/04/2015
INTERVIEWS : KOID9 LES A CUISINES POUR VOUS !
Black Bonzo - Entretien avec Joakim Karlson - Novembre 2009 (paru dans le Koid9 n°72) |
Interview de Joakim Karlson, guitariste Par Cousin Hub, le 18 novembre 2009
Vous êtes considérés comme les "Uriah Heep" suédois. Qui est vraiment Black Bonzo ? Nous avons commencé en 1999 en tant que septuor psychédélique avec des relents de funk et nous nous appelions Gypsy Sons Of Magic. Il y avait Nicklas et moi aux guitares, Mike aux claviers, Patrick à la basse et Magnus au chant. Le batteur Andreas a quitté le groupe lorsque nous nous sommes appelés Black Bonzo. Dans ce line-up, il y avait un mec dont je ne me rappelle plus le nom à l’harmonica. Pendant une courte période, nous avions aussi un flûtiste. Pour plusieurs raisons, la mayonnaise ne prenait pas. Nous ne trouvions pas notre son : peu importe le nombre de chansons que nous enregistrions, ça tombait toujours à plat. Par contre, il n’y avait pas de problème en live. Nous avions enregistré entre 30 et 40 chansons sous le nom de Gypsy et nous n’en avons rien fait, même pas une seule petite démo. On nous avait même proposé un contrat d’enregistrement que nous avons refusé. Rétrospectivement, c’était idiot. On nous demande encore si nous allons les sortir un jour et la réponse reste toujours : "probablement pas". Bon, nous avons viré Andreas et l’harmoniciste, Black Bonzo est né et tout s’est mis en place en une nuit.
T
Peux-tu nous décrire chacun des trois albums ? "Lady of the light" est un disque expérimental. Nous avons essayé beaucoup d’idées, sans savoir comment devait sonner l’album. Nous l’avons juste fait avec plein de curiosité. De très jeunes gens enregistrant un disque pour la première fois, tu vois. Je pensais que les filles, les lignes de coke et les rivières de whisky seraient à portée de main. Je crois que nous le pensions tous (rires). Sur "Sound of the apocalypse", nos idées étaient plus claires sur ce que nous voulions faire : un "semi concept-album" avec des tonnes de claviers, de belles mélodies et des atmosphères sombres. Pas forcément heavy ou hard, mais beau et sombre. Je suis très heureux de ce disque, mais je ne pense pas qu’on renouvellera l’expérience. Pourquoi ? Parce qu’il ne fut pas aussi amusant à enregistrer que le 1er et le 3ème. Trop cérébral et trop peu de grains de folie d’amour… euh, je veux dire de rock’n’roll… Le plus triste c’est qu’on a dû virer Patrick pendant l’enregistrement car il buvait trop. La bonne chose, c’est que nous avons trouvé Anthon qui nous a prouvé quel excellent bassiste et musicien il était. Avec "Guillotine drama", nous avons volontairement voulu un son plus heavy et live. Un retour aux racines, en quelque sorte. Pour moi, il représente plus un second album que "Sound of the apocalypse". Anthon s’est investi dans le processus créatif du début à la fin et cela a fait la différence. Nous n’avions jamais voulu vraiment devenir un groupe progressif avec de longues suites complexes. Nous sommes avant tout rock’n’roll de cœur et d’esprit. Nous voulions juste jouer ce que nous ressentions. Je pense que "Guillotine drama" est notre meilleur disque, pas seulement parce que c’est le dernier, mais parce qu’il représente vraiment ce que nous sommes. Un peu comme "Lady of the light".
Effectivement, il est plus direct et axé sur les guitares que ses deux prédécesseurs. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je crois que les chansons fonctionnent mieux sous un angle "guitare" que "claviers". Ça peut changer sur le prochain album. Le côté direct est quelque chose que nous voulions tous lorsque nous avons composé les chansons.
"Si tu veux, tu peux. Tu peux faire tout ce qu’il y a dans ta tête", disait ma chère mère. Bon en fait elle, elle ne pouvait pas, mais qui s’en soucie ? J’ai essayé d’écouter la musique actuelle, mais je n’y arrive pas. Sans doute que je n’aurais même jamais écouté Black Bonzo si je ne jouais pas dedans. L’idée, c’est de faire de bonnes chansons, avec de bonnes mélodies et de les jouer le plus honnêtement possible, sans overdub ni effets modernes. Nous n’essayons pas d’être meilleurs que nous sommes avec des effets sonores. Ce que tu entends dans nos disques, c’est nous. Un groupe devrait être meilleur en live que sur disque, sinon il y a quelque chose qui cloche, je pense.
Votre son s’inspire de géants comme Deep Purple, Uriah Heep, Black Sabbath, Led Zeppelin, Jethro Tull, King Crimson, Genesis. Est-ce conscient ? Je te mentirais si je disais non. Ces groupes sont de grosses influences, mais en réalité nous sommes plus attirés vers Judas Priest, Saxon, Riot, AC/DC que par les groupes du début des années 70.
Même si votre son est très orienté seventies, il reste très personnel car mêlant toutes sortes d’influences hard et progressives. Qui compose et comment ? Nous contribuons tous plus ou moins. Je ne dirais pas que c’est plus un effort collectif que si quelqu’un posait sa propre chanson sur la table et que nous partions de là. Ce que j’essaye de dire, c’est que nous sommes tous responsables des arrangements, mais que les chansons sont plus ou moins écrites par chacun de son côté. Après on choisit celles qui nous plaisent le mieux et nous les enregistrons.
Rien à rajouter, ton ami a tout compris. Je crois que l’une des plus grandes forces de Black Bonzo vient de notre chanteur qui ne ressemble qu’à lui-même. Il n’a pas à hurler pour être un bon chanteur. Ecoute "Snuffy" de Stray Dog, il chante aussi de manière cool. C’est dans son interprétation que l’homme se distingue. C’est également un excellent guitariste, très sous-estimé. Magnus a les mêmes qualités et c’est un putain de bon chanteur, toujours au top. Il est comme un magicien en studio, son surnom c’est "l’homme d’une seule prise".
Ce fut malheureux. Après avoir terminé "Guillotine drama", Nicklas nous a annoncé qu’il quittait le groupe. Il nous a dit qu’il voulait changer d’air. Il avait des problèmes de drogue et buvait beaucoup trop. Puis Klas est arrivé, il nous a apporté de l’énergie brute et beaucoup de créativité. Il a des idées rafraîchissantes et il joue du Hammond comme un dément. Il semble réservé, mais lorsqu’il empoigne son B3, c’est comme Dr Jekyll et Mr Hyde. Il était fan de Black Bonzo et connaissait nos chansons mieux que nous ! Lorsque nous l’avons auditionné, il m’a arrêté au milieu d’une chanson en me disant que ce que je jouais n’était pas bon. "Eh, ce n’est pas comme ça que tu joues sur l’album !" Et il avait raison !
Effectivement lorsque je vous ai vu en concert à Bordeaux en 2007, Nicklas semblait complètement absent, voire même triste sur scène… Comme je te le disais, il a sombré pendant la tournée. Moi-même je n’ai pas été totalement innocent. On a fait des conneries et ça s’est terminé en pugilat avec des insultes entre nous. Il n’a pas supporté…
Quoi ???!!! J’ai l’impression que tu es en train de décrire des bêtes de foire ! Mais oui, je pense que c’est un peu ça avec le recul (rires). Oui euh… nous sommes comme un boys-band qui joue chacun un rôle sur scène… enfin c’est ce que tu sembles dire. Mais ça me convient car ça veut dire plus de filles déchaînées qui te veulent. En fait, nous sommes le dernier boys-band encore en activité…
Comment avez-vous enregistré et produit "Guillotine drama"? C’est une production digitale à 100% ! C’est trop cher de faire un enregistrement analogique aujourd’hui et tu peux à peine entendre la différence. On ne peut pas se permettre de balancer de l’argent par les fenêtres. Le reste a été fait simplement avec quelques microphones bon marché, des casques cassés, des amplis sans boutons… Malgré tout, c’est plutôt réussi, je trouve.
Et le package de l’album est très original… C’était l’idée de Magnus. Le concept est une satire de la révolution française, mais ça pourrait être n’importe quelle révolution sanglante. Comme il s’intitule "Guillotine drama", c’est la française qui vient à l’esprit. Les images ne sont pas toutes historiques, mais ce n’est pas important, cela se veut être amusant. Le livret est là pour créer sa propre révolution sanglante et sans pitié.
C’est plus une passion qu’un hobby. Nous ne pouvons pas vivre décemment avec ce que nous gagnons avec la musique. En même temps si nous voulions des sous, nous ne jouerions pas ce style de musique. L’idée du boys-band dont nous parlions tout à l’heure est sans doute plus lucrative que le bon vieux rock’n’roll !
Voir la chronique de Operations Manual - The Guillotine Model Drama |
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