DAVE LAWSON
Un samouraï sur la toile

Une interview par Cousin Hub (samedi 8 mai 2010)

Vous ne le connaissez peut-être pas… Dave Lawson a apporté sa pierre à l’édifice "progressif" pour ses groupes majeurs (Web, Samurai et Greenslade), ainsi que ses participations remarquées (Kate Bush, Jon Anderson…). C’est en écoutant les magnifiques rééditions de Web et Samurai par Esoteric Recordings que j’ai eu envie d’interviewer le claviériste/chanteur. Cela a été facile, son adresse email figurait sur son site internet et il m’a répondu favorablement dans la journée  !

Bonjour Dave  ! On vous connait comme le co-leader de Greenslade, mais beaucoup moins pour ce que vous avez fait avant et après. Quand avez-vous commencé votre carrière musicale  ?

J’ai commencé le piano à l’âge de 15 ans et en une année j’avais déjà atteint le 7ème degré. On peut dire que j’étais enthousiaste… J’étais à fond dans Ravel et Debussy  !

J’ai été très étonné d’apprendre que vous aviez remplacé Ian Gillan dans Episode Six. J’ai toujours cru que c’était John Gustafson qui avait à la fois remplacé Gillan et Glover…

Au départ, j’ai rejoint Episode Six comme claviériste et choriste, Sheila (Carter) étant la chanteuse principale…

Comment avez-vous rejoint Web  ?

Nous partagions la même affiche et comme ils aimaient ma manière de jouer, ils m’ont invité pour une jam…

Comment décrirais-tu leur musique  ?

Si tu veux faire rentrer un pigeon dans un trou, alors on dira que jazz-rock est l’étiquette la plus proche… J’ai toujours aimé le jazz contemporain, ainsi que le rock de Traffic, Jack Bruce, Frank Zappa et à peu près tout ce qui était fait à l’époque.

Vous écriviez tous les morceaux. Comment avez-vous pris le pouvoir  ?

Je n’étais pas le leader de ce groupe, il n’y en avait pas. Mais j’avais beaucoup de morceaux et les gars les ont lus et injecté leurs propres idées.

"I spider" est un joyau perdu du rock progressif qui a seulement été réédité il y a 2 ans par Esoteric. Quel avait été le retour du public à l’époque  ? Et aujourd’hui  ?

Le public dans son ensemble n’a pas spécialement réagi car il n’y a rien compris. Nous nous foutions de savoir s’il l’aimait ou pas. Aujourd’hui, c’est pareil. Les gens ne changent pas. Ils aiment toujours les mêmes saloperies habillées différemment, car jouées sur un meilleur matériel.

Pourquoi avoir changé le nom en Samurai  ? Cela devait être difficile à suivre pour les gens  ?

Les gars ont voulu s’éloigner de l’image rhythm and blues que représentait Web. Nous aimions l’idée de pureté que dégage le samouraï. Le groupe s’est séparé selon toujours la même histoire  : manque de moyens. Certains de nous devaient se faire aider par leur famille.

Pourquoi avoir formé un groupe avec Dave Greenslade  ?

C’est Tony Reeves (bassiste originel de Colosseum, de la dernière incarnation de Samurai et futur Greenslade. Ndr) qui me l’a présenté. Nous avons joué ensemble et comme nos horizons musicaux étaient différents, nous étions capables de nous complimenter l’un l’autre.

Deux Dave claviéristes dans le même groupe, n’est-ce pas trop  ? (rires)

La confusion entre nos deux prénoms était inévitable, mais nous en sommes sortis (rires). Dave Greenslade venait avec des séquences d’accords et des arrangements et je rajoutais les mélodies et les textes. Quelquefois, Greenslade écrivait seul un instrumental et parfois j’écrivais également quelque chose de mon côté.

Pourquoi votre chant, plus puissant chez Web, était-il radicalement différent pour Greenslade  ?

La musique était radicalement différente… Par exemple, des cuivres chez Greenslade auraient été inopportuns. De toute façon, un style ne peut être que temporaire.

Les pochettes de Roger Dean sont aussi pour beaucoup dans la réputation de Greenslade. En aviez-vous conscience  ?

Non, nous nous en foutions royalement. Rétrospectivement, je trouve même stupide d’avoir utilisé le même artiste que Yes, mais il semblerait que Roger était le seul capable de retranscrire l’essence de notre musique qui n’était ni hard-rock, ni prétentieuse, fort heureusement.

A partir du 4ème album, la musique est devenue moins ambitieuse et il me semble que ce fut le début de la fin pour Greenslade…

Je suppose que nous étions un peu fatigués musicalement. Et puis il y avait un cruel manque de fonds et de soutien de la part du management. C’était l’apathie…

Qu’avez-vous fait après la séparation de Greenslade  ?

J’ai fait des sessions, plusieurs albums pour Roy Harper, Stackridge, Kate Bush…

Pourquoi ne pas avoir participé à la reformation de Greenslade  ? N’étiez-vous pas furieux que John Young ait pris votre place  ?

Pas du tout. J’avais commencé à composer avec Dave Greenslade, mais j’ai eu un contrat avec George Fenton, le compositeur de musiques de films et je ne pouvais pas me permettre de tourner. De toute façon, je n’ai jamais aimé cet aspect-là du business. J’écris toujours, mais sans réelle raison, juste pour le plaisir. Certaines choses sont directement jazz-rock, d’autres pas du tout. J’enregistrerais tout cela un jour.

Quels sont les artistes que vous aimez  ?

J’aime beaucoup ce que fait Brad Mehldau, Stephano di Battista et plein d’autres trucs et j’attends impatiemment un nouvel album de Steely Dan/Donald Fagen.

Un dernier mot  ?

Ecoutez tout  ! Il se peut que vous n’aimiez pas du premier coup, mais un bon album peut grandir en vous… Merci beaucoup d’avoir pensé à moi et de m’avoir invité. Vive la France  !

A lire, également réalisées par Hub et parues dans le même numéro de Koid9, les chroniques de Web - I spider et Samurai - Samurai